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ARBRES CREUX, MALADES OU MORTS…

… pour nourrir LA VIE !

     Utiles et nécessaires, les arbres creux, malades ou morts représentent un maillon indispensable dans l’équilibre de la nature. Certains vivront encore longtemps, offrant leurs cavités aux oiseaux et aux petits mammifères. D’autres serviront de garde-manger à une foule de petits êtres vivants et nourriront également le sol, permettant ainsi à certaines plantes de se développer. Lorsqu’un arbre est creux ou porteur de champignons, cela ne signifie pas qu’il est mort ou qu’il va dépérir rapidement. Les champignons s’installent uniquement sur le bois mort, laissant indemnes les parties où coule la sève. De plus, les défenses naturelles de l’arbre isolent les zones contaminées en les compartimentant.

 
Ces arbres aux allures parfois étranges
favorisent LA VIE autour d’eux
et méritent amplement de garder leur place dans nos paysages

     Dans nos campagnes, les vieux vergers à hautes tiges disparaissent à vue d’œil et un peu partout, arbres creux, malades ou morts sont abattus et détruits. Malheureusement ils sont trop souvent considérés comme inutiles, non rentables, parfois supprimés sous seul prétexte de faire plus propre. Quoi qu’il en soit, cette disparition met en danger la survie de nombreuses espèces animales et végétales qui en dépendent. Car ces arbres mal-aimés abritent et abriteront encore longtemps d’innombrables hôtes.

     Parmi les oiseaux, les pics contribuent aisément à limiter la prolifération de certains insectes, de chenilles, de larves qui peuvent ravager cultures, vergers et forêts. Pour nicher, ces oiseaux grimpeurs creusent des loges dans de gros fûts. Les petits passereaux insectivores ou granivores comme les mésanges, la sittelle, le rouge-queue à front blanc… utilisent activement ces cavités, mais également celles qui se creusent naturellement. Ils y pondent leurs œufs et y élèvent leurs petits, contribuant eux aussi à la lutte biologique des parasites. Certaines chouettes nichent dans des cavités plus ou moins grandes. Ces rapaces nocturnes représentent des alliés précieux pour l’agriculteur et le jardinier, car leur régime alimentaire est composé essentiellement de petits rongeurs et de gros insectes. La petite chouette chevêche est déjà victime de l’abattage des arbres creux, disparaissant fatalement de nos campagnes. Parmi les oiseaux, les choucas ou les pigeons colombins fréquentent aussi ces milieux.

     Les cavités profitent aussi à l’écureuil, au loir, au lérot, à la martre… Le putois et le canard colvert quant à eux préfèrent les arbres creux au bord de l’eau. Chez les chauves-souris, plusieurs espèces présentes en Alsace sont tributaires de gîtes arboricoles. Sachant que ces dernières consomment quotidiennement leur propre poids d’insectes, elles représentent donc pour l’homme un moyen efficace, inoffensif et naturel pour éliminer les insectes nuisibles. De grands coléoptères qui font partie du quart des insectes indigènes, colonisent le bois au moins à certains stades de leur existence. Comme exemple, le grand lucane cerf-volant qui a vu ses effectifs chuter considérablement ces dernières année. Mais dans les forêts exploitées, la proportion de bois mort nécessaire à la vie de ces invertébrés est souvent insuffisante.

     Aujourd’hui, l’utilité de ces arbres a été reconsidérée et les forestiers ont maintenant pour mission de les préserver. Les fissures, les souches où sous les racines déterrées se cachent cloportes et araignées, escargots et limaces, orvets, tritons et salamandres, grenouilles et crapauds. Ces animaux ont également leurs prédateurs ; parmi eux les mimétiques couleuvres, toujours à l’affût du moindre mouvement. Le hérisson, la belette, l’hermine, la martre… Au crépuscule sortent le renard, le blaireau et le chat sauvage, rôdant aux alentours, attirés par toute cette petite faune grouillante.

Les arbres creux, malades ou morts sont des milieux complexes et fragiles ; la vie et la mort des plantes et des animaux se côtoient chaque jour, contribuant à maintenir l’équilibre indispensable à la vie de la nature.

© Texte et Photos Christiane Hubrecht
Est agricole & viticole, Agenda 2006

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