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PETITE HISTOIRE DE L’ECOLE A TRAVERS LES AGES

“Qui a eu cette idée folle
Un jour d’inventer l’école?
C’est ce sacré Charlemagne”

ainsi chantait France Gall en 1964

     Et pourtant, n’en déplaise à notre cher empereur à la barbe fleurie, l’école existait sous des formes variées déjà bien avant lui : du temps de la Grèce antique et des Romains, et même en Chine on formait et on instruisait les enfants, du moins certains enfants. Il l’a tout au plus réinventée en proclamant en 789 “qu’on rassemble non seulement les fils de condition modeste, mais les fils bien nés, qu’on établisse des écoles pour l’instruction des garçons. Que dans chaque monastère on enseigne les psaumes, les notes, le chant, le comput, la grammaire, et qu’on dispose de livres bien corrigés.” Une école destinée davantage aux futurs cadres de l’empire qu’à son peuple. Voilà qui est loin de l’école pour tous d’aujourd’hui.
     Il aura fallu attendre en France plus d’un millénaire pour que, sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), le ministre Guizot fasse adopter en 1833 une loi qui oblige les communes à prévoir l’accueil des enfants en vue de leur donner un minimum de scolarité. Il jette ainsi les bases de l’école primaire du XIXe siècle. Et c’est encore un demi-siècle plus tard qu’un certain Jules Ferry, ministre de l’Instruction sous la IIIe République, a fait voter en 1881-18821 une série de lois qui rendaient obligatoire l’école publique, gratuite et laïque, jusque-là payante et réservée aux seuls garçons. Dorénavant l’on n’y apprend pas seulement à lire, écrire et compter, mais aussi l’histoire, la géographie, l’anatomie et les plantes. La morale, le respect et l’amour de la patrie républicaine sont également enseignées. On y parle exclusivement le français, langue qui n’est pas toujours parlée à la maison dans toutes les familles de France.

Evolutions
     Les premières lois ont bien sûr évolué au fil des ans et des réformes (grande spécialité de l’Education Nationale), pour aboutir à peu de choses près au système en place de nos jours : scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans en 1959, puis création en 1975 du “collège unique” qui scolarise de la 6e à la 3e l’ensemble d’une classe d’âge. C’était l’époque où d’aucuns se targuaient d’inaugurer un collège par jour. Cette ultime réforme a vu la disparition des classes de fin d’études primaires et supérieures, et, à terme, celle du Certificat d’Etudes, dont on peut consulter ici les épreuves de la session 1955 dans le Bas-Rhin 2
     Pour ceux ou celles dont les souvenirs d’écoliers seraient trop anciens, voici les bonnes réponses

Nostalgie, quand tu nous tiens…
     Ah, le certif ! Diplôme requis et recherché par les écoliers d’autrefois, produit ultime d’une école qui fleurait bon l’encre, la craie, le parquet ciré et le poêle à bois. Et les blouses et le buvard, les bons points et les images… Pour l’archéologue de la mémoire de ce “vert paradis de notre enfance” ne restent que les souvenirs, comme

le diplôme souvent encadré,

l’article de presse pieusement conservé,

ou encore un manuel ancien ou des cahiers d’écolier relégués au grenier :

Et, au fond d’un vieux carton, parmi les photos de famille,

la photo-souvenir

>>> voir aussi Les photos de classe de Weislingen

Quant à ceux qui ne l’ont pas connue, ils peuvent se faire une idée de ce que fut l’école d’autrefois

en consultant ce diaporama (3)

ou encore ces affiches qui ornaient maintes salles de classe :

L’on peut rêver aussi d’une école idéale, où tout -ou presque- serait permis aux élèves :

o  O  o

     Cette école, qu’il ne faut certes pas idéaliser, avait ses mérites, que l’on redécouvre parfois a contrario de nos jours, où le collège dit unique reste un sujet de débat. Elle avait aussi ses maîtres respectés de tous, et parfois craints. Elle comptait enfin ses mouvements pédagogiques et ses éditeurs, avec une production à foison de documents et d’outils au service d’une pédagogie de l’éveil, comme par exemple les célèbres Editions Rossignol et leurs tableaux de langage pour développer et enrichir le vocabulaire des écoliers :

Congés de fenaison
Un usage ancien qui faisait la joie de nos écoliers… sauf peut-être ceux qui devaient travailler aux champs.
“Lorsque le mois de juin approchait et que le thermomètre de la salle de classe indiquait une température plus propice à la rentrée des foins qu’à l’étude, le maître d’école décidait de suspendre les cours durant deux, voire trois semaines, afin de permettre aux élèves de prendre part aux importants travaux de la fenaison. La Schulchronik4 de Sarrewerden commencée le 1er mai 1893 nous révèle que les enfants de la commune avaient pu jouir de tels congés du 12 au 27 juin et du 10 au 17 juillet 1910. Les dates des vacances scolaires n’étaient alors pas les mêmes que de nos jours. Lorsque le foin était engrangé et que les cours reprenaient, l’instituteur notait avec soin dans sa chronique: “la récolte de cette année est excellente en ce qui concerne la quantité; la qualité par contre laisse beaucoup à désirer, vu les conditions météorologiques défavorables”.

1. Rappelons qu’à cette époque l’Alsace était allemande et donc régie par les lois du Reichsland
2. Source : site web ecolepouilly.free.fr (2020)
3. Source : site web ien.aurillac3.free.fr (2020)
4. Source : L’Alsace bossue à travers les âges, Dossier pédagogique du CRDP de Strasbourg, Année 1981-82 (Schulchronik: Chronique scolaire rédigée par les instituteurs de l’époque allemande entre 1870 et 1918, à la demande des autorités)

Citons également un site fort bien documenté sur l’histoire de l’Ecole: www.le-temps-des-instituteurs.fr