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LES CLOCHES DE L’ÉGLISE PROTESTANTE

     Le clocher de l’église protestante compte deux cloches, une grande et une petite. Si la première a été installée dès la construction de l’église en 1842, la petite ne l’a rejointe que 81 ans plus tard.
En plus des sonneries traditionnelles, les cloches de l’église protestante sonnent l’heure, ainsi que les demies et les quarts en double coup (ding-dong), le tout étant commandé par une horloge qui a également son histoire.

La grosse cloche

La mention suivante fait le tour de la partie supérieure de la cloche :
GEGOSSEN VON F. LUDWIG EDEL ZU STRASBURG IM SEPTEMBER 1842
(Traduction : Coulée par F. Ludwig Edel à Strasbourg en septembre 1842)
alors que sur le corps de la cloche il est précisé
qu’elle a été fondue pour la communauté protestante de Weisslingen [sic] qui en est propriétaire :
DER PROTESTANTISCHEN GEMEINDE WEISSLINGEN GEHOERIG

 

La petite cloche

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Inscription côté Ouest
EINST ZOG ICH HINAUS IN DEN BLUTIGEN STREIT
NUN MAHNE ICH WIEDER DIE CHRISTENHEIT
ICH LAEUTE ZUM FRIEDEN UND RUFE ZU GOTT
OB GLUECK IST HINIEDEN OB LEID ODER NOT
ICH KUENDE DIE STUNDEN DER FLUECHTIGEN ZEIT
UND WEISE DIE CHRISTEN ZUR EWIGKEIT

Traduction :
Partie jadis pour de sanglants combats
J’exhorte à présent tous les chrétiens
Je sonne la paix et l’appel à Dieu
Que règnent ici-bas bonheur, malheur ou peine
J’annonce les heures et la fuite du temps
Et  indique aux chrétiens la vie éternelle

Inscriptions côté Est
En haut les armoiries de la Fonderie Paccard

avec en-dessous l’inscription suivante :
SOLI DEO GLORIA
PAUL FREY PASTEUR
FREDERIC HAEHNEL MAIRE
PIERRE HUNSINGER
WEISSLINGEN 1923
et au-dessous, un tampon en relief :
Fonderie Paccard Annecy

 

Les fondeurs

     L’entreprise Edel qui a livré la grosse cloche n’existe plus de nos jours. Elle est une des dernières créations d’une célèbre lignée de fondeurs de cloches actifs à Strasbourg du milieu de 17ème siècle à la fin du 19ème, dont la renommée dépassa bien loin les frontières de l’Alsace. Leur nom est gravé sur plusieurs centaines de cloches, non seulement d’Alsace, du Pays de Bade et de la vallée rhénane, mais aussi en dehors de l’Europe, par exemple en Chine, au Brésil et en plusieurs pays d’Afrique. Faute d’indication, de nombreuses cloches ne peuvent être attribuées à l’un ou l’autre membre de la famille. On estime à environ 8000 exemplaires le nombre de cloches sorties de leur établissement. Leur fonderie, d’abord établie près de la Tour Blanche au lieu-dit “Schaenzel“, fut transférée peu après 1681 rue Sainte-Barbe, où elle resta jusqu’à la fin du 19ème siècle.
     L’ancêtre de la célèbre lignée est Melchior (1614-1669), fils d’un fabricant d’éperons. Son fils Hans-Peter (1643-1725), fondeur de canons et de cloches, lui succéda. Puis vinrent trois Mathieu, de grand-père à petit-fils, dont le dernier vécut jusqu’en 1810. Son fils Jean-Louis (1781-1860) céda l’affaire à son fils Louis (1810-1887), dont le nom figura sur près de 1800 cloches, dont celle de l’église protestante de Weislingen.
     Le dernier de la lignée fut son fils Jean-Louis II (1845-1892), célibataire, qui succéda à son père en 1887. On lui attribue plusieurs cloches de la région, dont les trois cloches du Temple Neuf de Strasbourg, qui furent sa dernière œuvre. [Source: Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne, n°9, 1986]

     La seule fonderie de cloches qui subsiste de nos jours en Alsace est la Sté Voegele, établie au 110 route des Romains à Strasbourg. Celle-ci, créée en 1908, est spécialisée dans la fabrication, l’installation, l’entretien et la restauration de cloches et d’horloges d’édifices.

     Quant à la Fonderie Paccard qui a créé la petite cloche de notre église, elle existe toujours. Fondée en 1796, elle a coulé depuis  cette date près de 100 000 cloches dans le monde entier. A l’époque où fut coulée notre cloche, la fonderie en produisait entre 700 et 800 par an, et ce sont ses ateliers qui ont fondé des cloches aussi célèbres que la Savoyarde du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris, ou encore la Jeanne d’Arc de la cathédrale de Rouen.
      Mais elle n’est plus établie à Annecy, puisqu’elle a déménagé en 1989 non loin de là à Sévrier, sur les bords du Lac d’Annecy, où l’on peut d’ailleurs visiter, juste à côté de la fonderie, le très intéressant Musée de la cloche.

[Merci à Annette et Henri Anthony pour leur disponibilité lors des visites de l’église et les montées parfois périlleuses dans le clocher]